Les étudiants du Master en traduction de Mulhouse ont visité l’unité terminologique au Luxembourg

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English summary

Within a project led by Associate Professor Isabel Repiso with TermCoord, the students of the MA in Technical and Scientifical Translation at UHA Mulhouse travelled to Luxembourg on December 12, 2016, to meet the TermCoord staff and in-house translators from the French Unit. After an early rise in the freezing Mulhouse morning, we embarked on a 5-hour bus ride (thanks to traffic jams). Rodolfo Maslias and his staff very warmly welcomed us at the Parliament building and introduced the terminology work at EU institutions. We had a delightful lunch with TermCoord staff at the European Council canteen, took a nice group picture under the winter sun in front of the Museum of Modern Art, and visited the Parliament conference room. The afternoon session included presentations from Violina Stamtcheva on TermCoord work and collaboration with universities, and from two translators-terminologists from the French Unit, Emmanuel Pochet and Catherine Soteras, who showed us several different aspects of their on-field work with and around terminology. After a QA session and a coffee break, 4 students presented their terminological work to TermCoord staff, who kindly provided a positive and well-appreciated feedback. It was a vey nice experience, made all the more delightful by Rodolfo and his staff, who made us feel welcome and almost “at home” in Luxembourg. On the ride back, a raffle was organized, where each one of us shared a book and our thoughts about it, before reaching Mulhouse rich of a hand-on experience of what translation and terminology represent within UE institutions, and willing perhaps to be part of it someday.

 


 

Voici le récit de leur journée

Dans le cadre du Master en Traduction Scientifiques et Techniques (TST) de l’Université de Haute Alsace, nous nous sommes déplacés au Luxembourg, lundi dernier, afin d’échanger avec deux traducteurs-terminologues travaillant à l’unité française. Notre voyage a commencé très tôt le matin, avec un rassemblement à 6h30 au parking du Gymnase universitaire de Mulhouse. Il faisait nuit et les températures étaient en dessous de zéro degrés Celsius. Contrairement à ce qu’on aurait pensé, les réveils de nous tout-e-s ont bien fonctionné et il n’y a pas eu de retardataires ; à l’exception du car qui devait nous amener. Après un appel passé à la compagnie par nos enseignants accompagnateurs, Isabel Repiso et Enrico Monti, on l’a finalement aperçu dans le noir après quelques minutes. Nos deux chauffeurs nous ont alors expliqué que leur léger retard était dû au dégivrage du véhicule. À 6h45, nous sommes finalement parti-e-s. Notre arrivée au bâtiment Schuman, initialement prévue à 11h, a été retardée de 40 minutes à cause des perturbations de trafic rencontrées au niveau de Strasbourg. Cependant, à nous accueillir avec un grand sourire c’était l’équipe de Rodolfo Maslias, responsable de l’unité terminologique. Suite aux contrôles sécuritaires de rigueur, nous avons tout-e-s été muni-e-s d’une vignette rouge avec l’inscription ‘VISITEUR’ en lettres capitales, la date de notre visite et le drapeau de l’Union Européenne. Les agents de sécurité nous ont gentiment demandé de coller cette étiquette sur nos pulls d’hiver, de manière bien visible. Là encore, nous étions fiers d’être un collectif bien organisé au point de pouvoir tout-e-s accéder aux institutions européennes (personne n’avait oublié son passeport à Mulhouse !).

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Nous sommes montés au premier étage, où Rodolfo nous a chaleureusement accueilli-e-s et présenté ses stagiaires aux Départements de terminologie et de communication. Ensuite, il nous a présenté les tâches développées au sein des unités de traductions travaillant pour le Parlement européen et les outils dont celles-ci disposent pour renforcer leur communication interne et interinstitutionnelle. Nous avons appris pas mal de données intéressantes lors de cette première présentation. Saviez-vous que pour certains pays presque 80% de la législation nationale des États membres est basée sur des directives ou des textes de l’UE ? L’importance d’assurer des traductions de qualité est capitale d’autant plus que les parlementaires doivent disposer à l’avance des textes qui seront votés –souvent préparés par la Commission en anglais par des rédacteurs dont l’anglais n’est pas leur langue maternelle–. Ici, la consistance au niveau de la terminologie s’impose comme un facteur clef pour assurer des textes harmonisés qui, par la suite, seront adoptés par les instances de justice nationales des différents États membres.

Suite à cette présentation, nous nous sommes rendus à la cantine du Conseil Européen, où les ministres se ressemblent normalement quand ils siègent au Luxembourg. La qualité de l’huile d’olive proposé avec les salades, ainsi que les variétés des vinaigres à disposition, a été particulièrement appréciée par notre enseignante Isabel Repiso, originaire de l’Espagne. À la cantine, nous avons été joint-e-s par Caroline Soteras, traductrice-terminologue de l’unité française qui allait, ultérieurement, nous briefer avec son collègue Emmanuel Pochet à propos de leur rythme de travail au quotidien. Après le repas, nous nous sommes promenés jusqu’au Musée d’Art Moderne (MUDAM), œuvre de l’architecte Ieoh Ming Pei, connu en France pour avoir conçu les pyramides du Louvre. De retour au bâtiment Schuman, nous avons visité l’hémicycle historique du Parlement avant qu’il ne soit transféré à Strasbourg. D’une capacité de 200 personnes environ, il est actuellement utilisé à l’occasion des séminaires et formations organisées par l’unité de terminologie et de traduction. Les murs latéraux disposent de fenêtres vitrées pour permettre aux interprètes d’observer l’orateur dont le discours est traduit de manière simultanée.

Notre visite s’est poursuivie avec la présentation de Violina Stamtcheva sur les tâches de mise à jour de la base terminologique IATE. À notre surprise, on a appris que le travail des terminologues ne consiste pas uniquement à créer des nouvelles entrées mais également à fusionner des fiches et supprimer des termes qui sont devenus aujourd’hui obsolètes. Les questions qui ont suivi son exposé ont visé le système de notation des termes figurant sur IATE et notamment les critères ainsi que le protocole pour évaluer la fiabilité des termes traduits.

Ensuite, Caroline Soteras et Emmanuel Pochet, traducteurs-terminologues aux institutions européennes depuis 17 ans et huit ans, respectivement, ont pris la parole. On a beaucoup aimé la manière décontracté et interactive de nous présenter leurs responsabilités, avec des exemples sur-le-champ et les interfaces des programmes et des outils mentionnés. Grâce à leur intervention, nous sommes un peu baigné-e-s dans les débats et discussions internes des professionnels concernant la terminologie, tel que par exemple la traduction du terme anglais moratorium tool ou les collocations comportant un participe passé et une préposition (e.g., « prévu à/par » ou « visé à/par »). Leur présentation a suscité des nombreuses questions de la part de certain-e-s étudiant-e-s, notamment sur la qualité des traductions sous-traitées par des agences –volume qui représente environ 30% des textes à traduire–. Encore une fois, Emmanuel et Caroline nous ont fourni des informations bien précises et on tient à leur remercier très particulièrement pour l’exhaustivité de leurs réponses.

Après une pause-café où certain-e-s parmi nous avons profité pour revisiter l’hémicycle historique et prendre des photos avec nos téléphones portables, nous avons procédé à la présentation des travaux de terminologie menés dans le cadre du cours de Terminologie d’Isabel Repiso, en collaboration avec TermCoord. Rodolfo, Violina, Caroline et Emmanuel nous ont écouté-e-s avec intérêt et bienveillance. Le but de cette présentation était de soulever certaines problématiques rencontrées lors de la préparation de nos glossaires bilingues pour notre cours de Terminologie. Nous avons travaillé sur des domaines considérés innovants ou sous-représentés, tels que les matériaux, le cyberespace, les mobilités, l’épigénétique et l’acquisition du langage. Rodolfo, Violina et Emmanuel ont eu la délicatesse de rebondir sur les exemples que nous avons expliqués en faisant le rapprochement avec ses propres expériences et pratiques au quotidien. Ainsi, nous avons appris que parfois une réalité non existante dans la langue cible vient traduite par une périphrase dans l’unité française.

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Notre visite s’est achevée à l’esplanade de la Philharmonie, en bas des tours où les 1200 traducteurs-terminologues travaillent depuis le Luxembourg. En face de nous, les tours dorées de la Cour de justice reflètent les derniers rayons de soleil. Nous regagnons notre bus avec l’impression d’avoir acquis quelques compétences de base sur lesquelles bâtir un parcours professionnel par la suite. Avec le concours de nos enseignants, notre voyage s’est terminé en mode festif par une modeste tombola, au cours de laquelle nous nous sommes échangés quelques livres. La prise de parole au micro a été une expérience marrante et a dévoilé certains talents discrètement cachés quoique dignes d’assurer une réorientation professionnelle vers la radio ou même l’évènementiel.